LES 7 FOUS

La dernière création de la compagnie EN CAVALE s’attaque au roman Los Siete Locos de Roberto Arlt.

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Auteur
Roberto Arlt, d’après le roman Los siete locos aux Éditions Belfond. Traduction Isabelle et Antoine Berman

Adaptation Cie en Cavale
Mise en scène Théo Pittaluga
Avec Adrien Noblet, Elsa Canovas, Victor Garreau, Raphael Mostais et Clément Séjourné
Compositeur Philippe Wojtyra
Costumes Manon Lancerotto
Scénographie Théo Pittaluga
Conception scénographie Chloé Ambrogi
Lumière Victor Arancio

LES 7 FOUS – Théâtre de Belleville

94 rue du faubourg du temple 75011 Paris


Porté par une écriture en uppercut, LES 7 FOUS offre le destin d’un homme qui, confronté à l’humiliation, la violence et la misère, cherche une échappatoire dans le rêve et la folie. Par son errance dans les rue citadines, les rencontres de personnages brisés, on explore les questions de l’existence, les limites sensibles du « bien », du « mal ».
Un spectacle poétique, viscéral et sarcastiquement drôle.
Roberto Arlt a marqué de son empreinte la littérature argentine du XXe siècle. Il ne cessera de décrire à travers son oeuvre les abîmes de l’être humain asservi à la ville.

Epopée délirante dans une Argentine qui sombre alors dans sa première dictature du XXe siècle. On y rencontre une « société secrète » menée par l’Astrologue – un leader charismatique, tantôt communiste, tantôt fasciste -, qui projette de prendre, grâce à un vaste et absurde complot, le contrôle de l’État mais aussi celui de la subjectivité des habitants de la planète entière. Au cœur du projet, Erdosain, « aliéné » par excellence, misérable petit employé d’une multinationale, doit produire le gaz qui sera employé pour la destruction planétaire.
À ses côtés, un maquereau mélancolique, ancien professeur de mathématiques et trésorier de la société, un chercheur d’or, un officier corrompu, un pharmacien mystique.
Les vaines gesticulations de ces illuminés sont observées par un narrateur qui relance ses épisodes à grand renfort de ficelles narratives empruntées sans vergogne au feuilleton. Car, dans cet improbable roman, Arlt dynamite le genre, à l’instar des avant-gardes argentines et comme, d’ailleurs, toute une critique occidentale qui proclame son arrêt de mort. Mais sa révolution, il la mène à sa manière, sans procès verbeux, avec l’admiration d’un lecteur nostalgique des aventures abracadabrantes du super héros Rocambole. Poussant la logique du feuilleton à l’extrême, il fractionne l’action, et dans cette implosion, ce sont toutes les structures du roman – temps, espace et personnage – qui volent en éclats. C’est le sujet, pris au cœur de cette tourmente, qui subit la métamorphose la plus décisive. Les personnages de Arlt sont des êtres sous influence, des superficies impressionnables figées dans leur angoisse métaphysique. L’aventure, que l’on espère religieusement dans cette confrérie du complot, est un horizon désormais hors d’atteinte. On se noie avant d’avoir pu être sauvé par l’action, celle que, quelques années plus tard, Borges préconisera pour le salut du roman. Opus saturnien, Les Sept Fous reflètent, dans leurs feux crépusculaires, l’humeur mélancolique de cet écrivain-journaliste trop lucide quant aux contradictions de la modernité pour ne pas vouloir halluciner sa sublime et dérisoire apocalypse.

Notre péché, c’est d’avoir perdu nos rêves.
Extrait de Los siete locos


ROBERTO ARLT : LE SOLEIL NOIR DES BAS FOND DE BUENOS AIRES
Fils d’un émigrant prussien et d’une mère italienne, Roberto Arlt est né en 1900 à Buenos Aires dans le quartier de Flores. Il meurt le 26 juillet 1942 d’une crise cardiaque à Buenos Aires.
Son premier roman, El juguete rabioso (Le Jouet enragé, 1926) marque la naissance de la littérature urbaine argentine. Les thèmes qu’il développe annoncent ceux de l’oeuvre dans son ensemble : la ville inhumaine, le sens du travail, l’aliénation.
Dès le début des années 1930, Arlt se réclame des écrivains professionnels, mais répudie pourtant à la fois la « grande littérature », la critique, ainsi que la préciosité du groupe de Florida (dont le chef de file est Jorge Luis Borges) : sa volonté d’authenticité, d’enracinement de la fiction dans l’histoire, le lie implicitement au Groupe de Boedo, progressiste et partisan du réalisme.
Los Siete locos (Les Sept fous, 1929) et Los Lanzallamas (Les Lance-flammes, 1931), forment un diptyque considéré comme son chef-d’oeuvre, et consomment définitivement la rupture avec la littérature du moment. Leur histoire (la quête de bonheur d’un humilié, et sa rencontre avec une étonnante galerie de marginaux) est simple, mais clame avec violence la nécessité de la libération par l’action, dans le contexte trouble de l’Argentine des années 1930, sous une forme à la fois radicalement novatrice (violence stylistique, usage du « lunfardo » – l’argot de
Buenos Aires) et déroutante (interruptions fréquentes de la trame narrative,
longues dérives métaphysiques).
Durant les dix dernières années de sa vie, Arlt ne cessera de décrire les abîmes de l’être humain asservi à la ville.
Source : Les Magazines Littéraires

Je croyais que mon âme m’avait quitté pour jouir des beautés du monde, de la lumière de la lune sur la crête orange d’un nuage, et de la goutte de rosée qui tremble au-dessus d’une rose. Mais quand j’étais petit je croyais toujours que la vie me réservait un événement sublime et beau. Cependant, à mesure que j’examinais la vie des autres hommes, je découvrais qu’ils vivaient dans l’ennui, comme s’ils avaient habité un pays toujours pluvieux où les filets de la pluie leur laissaient au fond des pupilles des cloisons d’eau déformant leur vision des choses.
Extrait de Los siete locos

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Avec l’aide à la résidence du Théâtre de La Ferme du Buisson, du Conseil Départemental de Seine-Saint-Denis, de la compagnie Issue de secours – Théâtre de la Ferme Godier – et de la DRAC d’Ile-de-France, d’une aide de résidence de création au Théâtre Gérard Philipe – Théâtre National de Saint Denis.

Remerciements à Isabelle Berman, Pierre Vincent, Pascale Poirel, Diego Pittaluga, Missia Piccoli, Victor Guéret, la Cie Issue de secours et à TAC – Territoire Art et Création, Luis Rigou, Helene Arntzen, Lisa Garcia, Victor Guéret et Xavier Ruiz.